Quel établissement français peut
se vanter aujourd’hui de déployer son activité sur un site aussi chargé
d’histoire que celui du Saint-Sacrement ? Aucun, peut-être.
Nous savons qu’à Autun, chaque
pas de nos flâneries nous mène à une stratification multiséculaire, que nous
parcourons tous les jours une sorte de musée archéologique à ciel ouvert, et
qu’il n’est pas d’endroit en son centre où la Rome antique aussi bien que
chrétienne n’exhale ses parfums d’éternité. Mais ici, le phénomène prend
véritablement des proportions fascinantes. Un concentré de mémoire.
N’est-il pas émouvant par exemple
de penser que les cours d’arts plastiques se donnent quotidiennement à
l’intérieur d’une tour édifiée de mains d’hommes à l’époque du Christ ?
Tour qui flanquait l’une des quatre portes monumentales ouvrant aux points
cardinaux le rempart de prestige qui enserrait la cité antique d’Augustodunum,
future Autun.
Et que dire de cette
« crypte », accessible depuis la cour du collège, qui serait en
réalité le narthex d’une église abbatiale carolingienne du IXe siècle,
elle-même construite sur les vestiges d’une première abbaye Saint-Andoche
détruite par les sarrasins en 731, et datant du règne de Brunehaut, épouse de
Sigebert 1er, fils de Clotaire, petit-fils de Clovis ? Et de
ces contreforts gothiques flanquant la chapelle actuelle, vestiges d’une autre
église, édifiée celle-ci au XVe siècle ?
Et ce bâtiment du XVIIe où
étudient nos élèves ? Et ces tilleuls plus que centenaires, formant allée, paysage
de récréation pour les collégiens ?
Et la chapelle actuelle, de style
néo-gothique, que nous a léguée ce XIXe siècle tant décrié sur le plan
architectural ?
Quelle histoire, n’est-ce
pas ?
C’est que du haut de cet établissement, ayant pour vocation
de transmettre un savoir à des enfants post-modernes, 20 siècles nous
contemplent !